[Définition] Shintoisme et Kamis

17/03/2022
Tori
Tori

Le Shintoïsme :

Le shintoïsme est un mélange d'animisme et de chamanisme, essentiellement polythéiste.

Le concept majeur du shintoïsme est le caractère sacré de la nature.

Le profond respect en découlant définit la place de l'homme dans l'univers : être un élément du grand tout. 

Ainsi, un cours d'eau, un astre, un personnage charismatique, une simple pierre ou même des notions abstraites comme la fertilité peuvent être considérés comme des divinités.

Les Kamis :

Les kamis les plus largement connus sont les dieux et déesses anthropomorphiques apparus durant ce que les textes anciens appellent « l'âge des dieux ».

Ce temps des origines, quand les divinités vivaient sur la terre avant d'instaurer le règne de leurs descendants mortels (les empereurs) et de se retirer dans leurs domaines célestes, est raconté dans le récit épique du Kojiki et du Nihon Shoki (日本書紀, Nihon Shoki ?), de même que l'histoire des dieux et déesses du shintō.

Nihon Shoki
Nihon Shoki
Kojiki
Kojiki


La plus importante divinité engendrée par Izanagi 伊弉諾 et Izanami 伊弉冉, fut la déesse solaire Amaterasu (天照, amaterasu, lit. celle qui fait briller le ciel), la principale divinité du shintō. Les kami de « l'âge des dieux » est les amatsukami (kami célestes) et les kunitsukami (kami terrestres).

Kami Izanagi et Izanami
Kami Izanagi et Izanami


Amaterasu fait partie des premiers, tandis que le populaire Okuninushi 阿国主, le dieu gardien du Japon et de ses empereurs, fait partie des seconds.

D'autres dieux notables sont Inari le dieu du riz et de la fertilité, Hachiman le dieu guerrier, ainsi que les sept dieux de la chance dont Daikokuten (大黒天), Ebisu (恵比寿), Benten (弁天), et Bishamonten (毘沙門天ん) qui sont très populaires.

Les entités bouddhistes ont aussi été incorporées au Panthéon shintō. Ainsi, le fondateur du bouddhisme, le prince Gautama, est vénérés comme Bodhisattva et kami.

Le bouddhisme et le shintoïsme s'interpénètrent donc (même si à l'origine le Bouddha shakyamuni avait expliqué qu'il ne fallait pas vénérer de dieux). Amaterasu Le kami serait donc tout être, toute entité supérieure à l'homme par sa nature. 

Okami Amaterasu
Okami Amaterasu


Sont kami, en effet, non seulement certaines forces naturelles personnalisées : le Soleil, la Lune, le typhon, et bien d'autres encore, mais plus généralement tout ce qui apparaît mystérieux ou redoutable parmi les êtres inanimés comme les arbres, les montagnes, les mers, les fleuves, les rochers, les vents, ou encore des objets de forme étrange ou d'origine inconnue ; de même peuvent être tenus pour kami des humains, ou des animaux, vivants ou morts. 

Il convient à ce propos de noter que, si tel clan prétend descendre d'un ancêtre kami (souvent choisi parmi les dieux du Kojiki), cela ne signifie en aucun cas qu'il s'agisse d'un « culte des ancêtres », car tout ancêtre n'est pas nécessairement kami. 

Le mot kami regroupe un éventail extrêmement large d'esprit, de forces et « d'essences » surnaturelles ou mystérieuses. 

Le Kojiki 古事記 indique l'existence de huit millions de kami 八百万 (dans la mythologie japonaise, huit est nombre sacré qui signifie simplement beaucoup, autant dire une infinité). On y trouve d'innombrables divinités tutélaires de clans, de villages et de quartiers) (ujigami (氏神, ujigami ?) : esprits d'un lieu. 

Ce sont aussi le plus souvent des essences d'éléments géographiques (montagne, rivière ou cascade) ou de phénomène naturel comme le kamikaze ( « vent divin » ) 神風, le typhon 台風 et autres phénomènes. 

Renard sacré, messager du dieu Inari les kamis vivent dans le ciel et descendent périodiquement sur terre pour visiter sanctuaires et lieux sacrés. 

Leur sacralité est telle que les fidèles doivent se purifier avant de pénétrer dans un sanctuaire ou de participer aux fêtes données en leur honneur. 

Okami Inari
Okami Inari


*Certains des kami sont malveillants, esprits vengeurs responsables de toute une série de maladies mortelles.

Comme les oni (鬼), ou ogres. 

Oni / Ogre
Oni / Ogre


Nombre de ces esprits, les démons, sont invisibles. Certains se présentent comme des animaux ayant la capacité de prendre possession d'une personne, auquel cas il faut un prêtre pour les exorciser. 

Onmyoji Abe no Seimei
Onmyoji Abe no Seimei


L'un des plus redoutés est l'esprit du renard, à qui on attribue toutes sortes de calamités, y compris la maladie et la mort.

Certaines divinités (kami) ont une portée locale et peuvent être considérées comme des esprits ou des génies, mais d'autres sont des symboles des éléments naturels majeurs, comme par exemple Amaterasu, la déesse solaire. 

Yokai Kitsune
Yokai Kitsune


Pourtant la tradition shinto ne croit pas en une séparation absolue du bien et du mal. Tous les phénomènes, animés ou inanimés, peuvent y être aussi bien positifs que négatifs : cela dépend des circonstances. Ainsi en dépit de leur malveillance, les onis sont des personnages quelque peu ambivalents. Par exemple, le maléfique esprit du renard est également étroitement associé à Inari 稲荷, le dieu du riz, un kami charitable extrêmement populaire. 

De même, les hommes oiseaux appelés tengu 天狗 peuvent être les gardiens bienveillants d'un kami et sont pour cette raison mis en scène dans les fêtes shintoïstes.

Tengu
Tengu


Origine du Shintoïsme :

Les origines du shinto remontent très loin dans le passé. 

On se pose encore la question de savoir si la culture Jomon 縄文 (environ 11000 à 300 av J.C) possédait une religion centrée sur la vénération des kami ( « esprit », « déité », « être divin » ou « dieu/déesse » ), du moins ressemblant peu ou prou à ce qu'on connaît aujourd'hui.

Ces peuples d'avant écriture, chasseurs et pêcheurs semi-nomades, modelaient des dogu 土偶, statuettes féminines aux seins et aux hanches démesurés.

On ne connaît pas la nature exacte des croyances entourant ces dogu, mais il s'agit probablement d'un culte de la fertilité.

Les dogu étaient placés à l'intérieur ou à côté des tombes après avoir été délibérément brisées, peut être rituellement « tuées », afin de libérer leur essence spirituelle.

Il est néanmoins impossible de savoir avec certitude si cette « essence » était conçue en des termes pouvant faire penser au kami du shintô.

Avec la culture Yayoi 弥生 (d'environ 300 av J.C à 300 apr J.C), plus complexe, commence à apparaître comme une iconographie de style shintoïste nettement plus marqué.

Parmi les objets découverts dans les tombes des Yayoi, on trouve de petites céramiques représentant des entrepôts de grains d'une architecture remarquablement similaire à celle du sanctuaire d'Ise 伊勢, à la forme restée inchangée depuis au moins 1200 ans.

L'introduction de la culture du riz semble avoir apporté avec elle des rites liés aux semailles et à la moisson, probablement très proches des rituels shintoïstes encore pratiqués aujourd'hui dans les campagnes japonaises. Étroitement associés au culte de la fertilité chez les Yayoi, on trouve également des joyaux appelés magatama 曲玉, des miroirs cérémoniels, et des épées sacrées.

Aujourd'hui, ces objets jouent un rôle important dans la mythologie shintoïste et font partie des insignes impériaux. Pour beaucoup de spécialistes, la majorité des ujigami氏神, les divinités tutélaires des uji ( « clans » ) 氏 les plus anciens, datent de cette période.

La divinité des uji la plus importante était (et est toujours) Amaterasu, la déesse solaire.

Au IVe siècle de notre ère, le Japon fut conquis par des cavaliers nomades venant d'Asie centrale et un nouveau type de sépulture apparut : le kofun 古墳, ou tumulus.

Des statuettes votives de chevaux et de guerriers, les hanniwa, étaient souvent placées autour de ces monticules massifs, en forme de trous de serrure, pour accompagner le seigneur de la guerre décédé dans son voyage vers l'au-delà.

En fait, on peut dire que le shintoïsme est né d'un mélange entre animisme, shamanisme, et le culte des ancêtres.

Peu à peu, tous ces cultes de la fertilité, ces vénérations de la nature, parfois capricieuse au Japon (tremblement de terre, typhon, tsunami, etc.), se sont amalgamés et codifiés pour former le shinto.

Principe et Croyance :

Issus de l'Unité cosmique, les flux fondant la vie s'incarnent en une multitude de kami.

Le polythéisme qui s'en dégage est infini, dans le sens où chaque parcelle de vie est sacrée.

La mythologie shinto dit qu'il existe 8 millions de kami (Happyakuman, 八百万), car les kanji se lit également « Yaoyorozu », signifiant une myriade i.e. une infinité, un nombre inqualifiable.).

En descendant sur Terre pour y insuffler la vie, les kami ont créé l'archipel japonais.

L'origine de l'Homme dans ce contexte cosmogonique n'est pas clairement établie.

Mais la famille impériale base sa légitimité charismatique (au sens de Max Weber) sur son origine déclarée comme divine (le premier empereur Jimmu ayant été envoyé sur Terre par les kami pour fonder la nation japonaise).

Le respect des ancêtres et le sentiment de communion avec les forces de l'univers et les générations passées sont les bases spirituelles du Shinto.

La priorité accordée au groupe et à la solidarité est un des principes éthiques les plus anciens et les plus importants de la société japonaise. Bien qu'hérité en partie de la culture chinoise, ce principe s'est vu énormément renforcé par le fait que le shinto insiste depuis des siècles sur la vénération des esprits ancestraux, le respect de la solidarité familiale et clanique.

D'une égale importance est la tradition mettant l'accent sur la pureté, personnelle et rituelle, et sur la vénération de la nature. Ces principes, qui ont profondément influencé la vie japonaise, jouent un rôle important dans le Japon moderne.

En effet, tous ceux qu'on voit prendre soin des sanctuaires shintoïstes locaux ont souvent été à l'avant-garde dans la préservation du milieu naturel. Mais voyons plus en détails les principes fondamentaux du shinto.

Innombrable, les kami sont partout, se cachant sous les formes les plus diverses, aux endroits les plus inattendus. Il convient donc de se montrer à leur égard d'une prudence extrême, d'autant que les plus petits sont parfois les plus susceptibles. 

Leur caractère est ambigu, comme la nature elle-même.

Tous, y compris les meilleurs d'entre eux et les plus grands, possèdent un « esprit de violence », arami-tama 荒御魂, qu'il faut se concilier ou neutraliser par des rites appropriés.

Certains sont même dangereux dans leur principe, tels les « dieux des épidémies » ou les « dieux des insectes », prédateurs du riz. Tous peuvent vous frapper d'un tatari 祟り. 

L'on a voulu donner à cette notion, aussi archaïque sans doute que le concept même de kami, une valeur morale en faisant un châtiment, une malédiction (les dictionnaires bilingues donnent généralement ces traductions), infligés par le dieu à l'auteur d'une faute (tsumi) 罪. C'est là une conception moderne inspirée par le bouddhisme, qui a traduit par tsumi l'idée « d'action mauvaise », qui obscurcit l'entendement de l'homme et fait obstacle à l'illumination, donc au salut.

Le synonyme ancien de tsumi est, en réalité, kegare 汚れ, « souillure ».

Et les définitions anciennes qui en sont données ont un caractère plus physique que moral : c'est ainsi que le contact de la mort, du sang, des excréments provoque une souillure rituelle ; mais la vie en société entraînera un élargissement de cette notion de tsumi, et l'on qualifiera ainsi certaines infractions sociales (destruction d'une digue de rizières).

Dans son principe toutefois, le tsumi, comme le tatari qui en est la conséquence quasi-automatique, semble devoir être défini d'une manière à la fois plus vague et plus générale.

De nombreux exemples, même récents, montrent en effet que l'on peut être frappé par un tatari pour peu que l'on ait empiété, fût-ce inconsciemment, sur le domaine d'un kami ; le tsumi est en somme la transgression de certaines limites, non toujours formellement interdites ni précisées, mais chargées d'un potentiel magique redoutable dû à la simple présence du kami.

Pour illustrer cela, on peut prendre le film de Hayao Miyazaki : Le voyage de Chihiro. L'héroïne, Chihiro, pénètre en effet sur le territoire de Kami et autres fantômes, elle se voit donc condamnée à rester dans le monde des démons à jamais. On pourrait aussi citer nombre d'exemples de récits populaires relatant des kami habitant auprès des ponts et poursuivant les personnes qui ne leur ont pas rendu hommage.

L'imprudent peut être, à la limite, foudroyé par le simple contact d'un objet ou d'un être kami, parfois même contre la volonté de ce kami.

Un proverbe encore usité - dans le sens, il est vrai, de : « Il ne faut point se mêler de ce qui ne vous regarde pas » - conserve la trace de cette croyance : Sawaranu kami ni tatari nashi ( « Il n'est point de tatari du fait d'un kami que l'on ne touche point » ).

Pour échapper aux conséquences d'un tatari imprudemment encouru, il convient de « purifier » son entourage (harau) 祓うou soi-même (kiyomu)清む.

Ces deux termes sont employés aussi bien pour traduire des actions banales comme « balayer, nettoyer, laver », et, de fait, il s'agit essentiellement, à l'origine, de nettoyages symboliques et d'ablutions rituelles. Dans certains cas, et notamment quand la souillure est due au contact de la mort, il convient d'observer certaines abstinences (imi)忌み, au cours de retraites plus ou moins prolongées.

Purifications et abstinences sont également recommandées à titre préventif lorsque l'on prévoit un contact inéluctable avec un kami ; la préparation d'une fête impose souvent des rites de ce genre aux participants. Ces rites immunisent en quelque sorte contre le pouvoir maléfique du kami. D'autres sont destinés, en revanche, à conférer à celui qui en use un pouvoir contraignant sur le kami.

Là est peut-être l'explication du terme qui désigne, de nos jours encore, le prêtre du shinto : kan.nushi 神主, le « maître », le « possesseur d'un kami », en d'autres termes : celui qui connaît les rites qui donnent prise sur les forces surnaturelles.
Bien que le Japon dans sa totalité puisse être considéré, selon le shinto, comme un espace sacré, le lieu central du culte est le jinja (sanctuaire), où un ou plusieurs kami sont vénérés.

Se distinguant des temples bouddhistes (otera, お寺) par leur portails sacrés, les torii, ces jinja diffèrent en taille et en importance, depuis les minuscules sanctuaires installés sur les toits des hautes tours des grandes villes, jusqu'au Naiku (内宮) et au Geku (外宮) - les sanctuaires intérieur et extérieur d'Ise, en passant par l'énorme Meiji-jingū (明治神宮) à Tōkyō, dédié à l'esprit de l'empereur Meiji, qui régna de 1867 à 1912.

On peut aussi citer le sanctuaire d'Itsukushima, se distinguant des autres car construit sur la mer il y a plus de huit cents ans et où l'on vénère le dieu des pêcheurs et de la mer.

le sanctuaire d'Itsukushima
le sanctuaire d'Itsukushima


C'est au Itsukushima Jinja (厳島神社) que se trouve le grand torii (大鳥居) flottant.

le Torii d'Itukushima
le Torii d'Itukushima


On peut encore citer le grand sanctuaire de Yasaka (八坂) à Kyōto ou encore le sanctuaire de Fushimi Inari taisha伏見稲荷大社 célèbre pour ses milliers de Torii.

En plus de ces enceintes sacrées, où les fidèles viennent pratiquer leur culte, la tradition shinto considère également comme sacrés certains éléments du paysage naturel, tel le mont Fuji.

Le grand sanctuaire de Yasaka
Le grand sanctuaire de Yasaka

Le shintoïsme se pratique dans des sanctuaires très dépouillés. 

Le plus souvent les sanctuaires sont peints en rouge et ne contiennent qu'un autel très rudimentaire servant à déposer les offrandes: des fruits, un verre de sake, de l'argent, etc.

Le coeur même du sanctuaire renferme la relique ou l'objet où est censé être incarné le kami. Seuls les prêtres peuvent y accéder.

Cette relique ou objet peut être n'importe quoi, une pierre précieuse comme une pierre ordinaire, un objet précieux ou une chaussure, ou même un arbre, etc.

C'est cet objet ou cette relique que l'on transporte à travers tout le quartier pendant les festival de quartier, Matsuri お祭. « Un simple miroir, suspendu dans le sanctuaire, vient constituer l'essentiel du mobilier.

La présence de cet objet s'explique aisément... Lorsque pour prier, vous vous tenez face au sanctuaire, c'est votre propre image que vous voyez se refléter sur la surface dansante et ainsi, cet acte de foi est comme l'antique injonction delphique : « Connais-toi toi-même », en grec : « gnôthi seauton » » La présence d'un miroir peut aussi être mise sur le compte des insignes impériaux : selon la tradition, Amaterasu, ancêtre divin de la famille impériale, a transmis à ses descendants trois objets, qui sont les garants de la légitimité du pouvoir. Ces objets sont l'épée, le joyau et le miroir.

Le sanctuaire de Yasukuni 靖国神社 est l'un des lieux de culte shinto les plus célèbres à l'étranger, notamment en raison du fait que des criminels de guerre condamnés par le Tribunal de Tōkyō y soit honorés.

Le sanctuaire de Yasukuni
Le sanctuaire de Yasukuni


Les visites répétées à ce sanctuaire par le Premier ministre Koizumi ont suscité l'indignation de nombreux pays d'Extrême-Orient.


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